ENQUETE RTL - CRISE DU LOGEMENT
Un phénomène en plein essor, conséquence de la crise du logement. Fausses fiches de paie, faux avis d'imposition ou encore contrats de travail falsifiés. La pratique explose. En 2023, un dossier sur trois était un faux. C'est deux fois plus qu'en 2022.
Ces locataires sont nombreux et décomplexés. Romain, devenu un professionnel de la falsification, se confie au micro de RTL. En 2017, juste après sa sortie de l'université, il cherche un appartement à Paris avec sa compagne. Problème, aucune agence n'accepte le dossier du couple.
"Nous commencions comme travailleurs indépendants. C'était le début, nous avions peu de contrats, peu rémunérateurs (...) nous avons donc décidé de falsifier des certificats de scolarité", explique-t-il. Romain a changé la date du dernier certificat de scolarité. Selon lui, une personne qui maîtrise un petit peu un logiciel photo sur ordinateur peut facilement le faire.
La modification est imperceptible à l'œil nu. D'ailleurs, l'agence ne s'est aperçu de rien. Alors, Romain continue de falsifier des documents pour aider des amis. "Il faut s'arranger comme on peut quand on est un salarié avec peu de revenus", poursuit-il au micro de RTL. Et pourtant, cette pratique peut lui coûter cher. Le délit de faux, comme l'usage de faux, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende.
Malgré les risques, certains font de ces faux dossiers un vrai business. Sur les réseaux sociaux, ils sont des dizaines à proposer de falsifier des documents. L'un d'entre eux peut vous proposer, par exemple, de vous vendre un dossier avec un faux de contrat de travail et des fiches de paie falsifiées pour 250 euros, fabriqués par un vrai comptable.
En cinq ans de pratique, cette personne assure n'avoir jamais été inquiétée. Et cette situation désespère les professionnels. Directeur d'une agence immobilière près de Paris, Jeoffrey Krief reçoit 60% de faux dossiers, c'est 20% de plus qu'en 2022. "C'est un vrai fléau", assure ce professionnel.
Ce phénomène est particulièrement visible dans les zones où le marché de l'immobilier est en tension. Chez Guy Hoquet, le nombre de faux dossiers envoyés a doublé en deux ans. Selon Delphine Herman, directrice des relations extérieures au sein de l'entreprise, cette méthode est particulièrement courante dans certains arrondissements parisiens ainsi que dans plusieurs régions, notamment en Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
"Ça traduit surtout de grandes difficultés de la part des Français pour se loger aujourd'hui", expose Delphine Herman. Pour barrer cette pratique à la vogue, l'entreprise a investi plusieurs millions d'euros cette année dans un logiciel qui lui permet de vérifier tous les dossiers. Selon cette experte, le profil type du fraudeur n'existe pas. Travailleurs indépendants, jeunes cadres, étudiants, tous peuvent être tentés par cette pratique dangereuse.
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