Depuis 1999, les Français ont perdu près de 20 mètres carrés de pouvoir d’achat immobilier
La dégringolade est impressionnante. En seulement vingt ans, le pouvoir d'achat immobilier des Français a reculé de 19 m2 ! Selon une étude des Notaires de France, la flambée des prix de la pierre est loin d'être compensée par les taux des crédits immobiliers. Une tendance qui ne devrait pas vraiment s'inverser en 2023…
Deux pièces en moinsEn 1999, un Français pouvait s'offrir 99 m2 en moyenne lorsqu'il achetait son logement avec un prêt sur 20 ans (et un taux d'assurance fixe de 0,36%). Au troisième trimestre 2022, ce pouvoir d'achat immobilier est tombé à… 80 m2. Deux pièces en moins en deux décennies, tel est le résultat de la hausse quasi ininterrompue des prix partout en France. « Le pouvoir d'achat a beaucoup diminué depuis 1999, mais il a considérablement augmenté par rapport à 2008 », remarque Thierry Delesalle, porte-parole des Notaires de France, à l'occasion d'une conférence de presse ce 15 décembre. La courbe n'est, en effet, pas ascendante depuis vingt ans. Elle a même chuté sur la première décennie étudiée. « À partir de la fin des années 1990, les prix des logements anciens ont augmenté de façon ininterrompue jusqu'au début de 2008. Début 2007, ils avaient été multipliés par deux par rapport à leur niveau de 2000 ! », expliquait l'Insee dans une note de 2010.
Parallèlement, emprunter en 2008 coûtait bien plus cher qu'aujourd'hui. Le taux moyen sur 20 ans s'élevait alors à 4,85% et passait bien souvent la barre des 5%. Effet conjugué des prix et des taux élevés, le pouvoir d'achat immobilier avait chuté cette année-là à 58 m2 ! Celui qui emprunte aujourd'hui peut donc espérer 22 m2 de plus, ce qui est loin d'être négligeable, mais c'est moins qu'en 2020 (86 m2 en moyenne), avant la crise sanitaire et l'emballement sur l'immobilier.
Vu autrement, pour l'achat d'un bien de 80 m2, un ménage devait rembourser 700 euros par mois en 1999, 1.350 euros en 2008, 850 euros en 2020 et 950 euros en 2022, par l'effet conjugué de la fluctuation des taux et des prix. Si l'on zoome sur les villes, l'emprunteur perd 5 m2 au Havre et à Marseille entre 2022 et 2021 (mais en a gagné 23 en dix ans), 6m2 à Orléans, ou encore 3 m2 à Rennes et à Nice.
Un marché compliqué l'année prochaine ?Pour 2023, le marché devrait ralentir la cadence « après deux années exceptionnelles », rappelle Thierry Delessalle. Pour le notaire, porte-parole de la Chambre depuis de nombreuses années, il devrait aussi retrouver « plus d'homogénéité ». Depuis le Covid, les maisons trustent le marché et la capitale a fait les frais des envies de verdure des Parisiens. Si les acheteurs sont revenus cette année dans la ville Lumière, les prix continuent leur lente décroissance (10.590 euros le mètre carré, soit -1% sur un an). Dans l'ensemble des grandes villes, les appartements sont d'ailleurs de nouveau plébiscités.
En 2023, « plusieurs facteurs peuvent toutefois affecter le marché l'année prochaine », selon Thierry Delesalle, avant de les lister :
- « La facilité de crédit évidemment et là, le feu est plutôt au rouge car il y a de plus en plus de refus.
- Le taux d'emprunt, le carburant d'un achat immobilier. Il augmente, mais il faut le comparer à l'inflation. Pour l'instant, il est deux fois moins élevé !
- Le pouvoir d'achat global, qui est malheureusement en baisse. La crise énergétique, qui pèse sur le budget, va certainement freiner le mouvement…
- Les contraintes énergétiques du logement à la vente et le coût des travaux pour le rendre moins consommateur.
- La confiance des ménages en l'économie : sur cette question-là, la pierre fait toujours office de valeur refuge, donc c'est positif ».
De quoi rendre les acheteurs plus attentistes...
source : Les Echos investir
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